REGGAE GOT SOUL : HORACE ANDY & KEN BOOTHE A LA BELLE ELECTRIQUE
Attention, alerte événement ! Mercredi soir se produiront à Grenoble 2 figures historiques du reggae. 100 ans de carrière à eux deux et un nombre d’albums tout aussi impressionnant pour ces légendes de la musique jamaïcaine. Pour son 8ème concert labellisé à La Belle Electrique, l’équipe de Bmol s’est fait plaisir…

Né Horace Hinds en 1951 à Kingston, Horace Andy grandit dans une famille de mélomanes qui fréquente assidûment les sound-systems de son quartier. C’est Coxsone Dodd de chez Studio One qui lui trouve son nom d’artiste afin de le démarquer de son cousin Justin Hinds (& The Dominoes). Après quelques morceaux enregistrés au début des années 1970, c’est en 1973 que décolle véritablement sa carrière grâce au titre Skylarking qui deviendra un hit et qui reste aujourd’hui encore un des classiques du reggae.
Mais Horace Andy n’est pas que l’homme d’un hit. Année après année, bien entouré par des producteurs de talent, il collabore avec les plus grands artistes de l’île des Caraïbes: Derrick Harriott, Gussie Clark, Niney The Observer, Bunny Lee, Doctor Alimentado, Jah Stitch, Clint Eastwood, Prince Jammy, Tappa Zukie, Ossie Hibert, Chaka Demus, Don Carlos, et même avec le leader des Clash, Joe Strummer (tous les liens cliquables vous conduisent à des albums empruntables dans les bibliothèques de Grenoble). Horace Andy c’est d’abord une voix troublante : aigre-douce, suave, jouant d’un vibrato qui invoque tour à tour la prière et le cri de l’âme. On le surnomme le soulmen du reggae et on compare sa voix à celle de Marvin Gaye ou Otis Redding. Auteur d’une trentaine d’albums, dont certaines merveilles que vous trouverez dans nos collections, 1990 marque une date charnière dans sa carrière.

Contacté par un jeune groupe de Bristol encore inconnu, Massive Attack, pour poser sa voix sur le titre One love, c’est le début d’une longue collaboration (Andy est présent sur 4 des 5 albums du groupe) qui met en évidence l’adéquation entre sa voix douce et sucrée et le trip hop sombre du groupe. Aujourd’hui encore, Horace Andy mène de front les tournées avec Massive Attack mais aussi sa carrière solo. Comme ici lors de ce beau concert à Arte, backé par le Homegrown Band et Stepper qui l’accompagneront mercredi soir.

Quant à Ken Boothe, c’est un autre papy, une légende, qui sera présent sur la scène de La Belle Electrique. Influencé par les chanteurs américains qui inondent les ondes jamaïcaines dans les années 50 et 60 (Mahalia Jackson, Wilson Pickett, The Tempatations, The Drifters…), il n’a que 8 ans lorsqu’il remporte un radio crochet dans son île natale. Il débute en duo avec Stranger Cole dans le duo Stranger and Ken, mais c’est encore une fois Coxsone Dodd de Studio One qui repère son talent et le signe sur le label. Celui que l’on surnomme Mr Rocksteady signe en 1967 Moving away, un tube qui le propulse comme espoir de la scène rocksteady jamaïcaine (le reggae n’existe pas encore). Ce pur joyau à la voix soul fait les plus belles heures du Kingston des années 60 et 70 avant que ne s’offre à lui une carrière internationale grâce à l’album Black, gold and green en 1972 puis avec le méga tube de 1974, initialement écrit par David gates et popularisé par la reprise de Boy George en 1987, Everything I own
Comme c’était de mise en Jamaïque dans les années 60 et début 70, Ken Boothe a beaucoup adapté de tubes de soul américaine à la sauce rocksteady, on se souvient notamment de sa reprise du It is because I’m black de Syl Johnson. Mais ce sont aussi ses propres chansons qui furent reprises par les plus grands du reggae (Dennis Brown, Skatalites, U-Roy…) mais aussi par Shaggy ou Bruno Mars (sur l’album Doo-wops and hooligans) quand ce n’est pas Joe Strummer des Clash qui le cite dans le titre (White Man) In Hammersmith Palais :
« Ken Boothe for UK pop reggae / With backing bands sound systems /And if they’ve got anything to say / There’s many black ears here to listen ».
Dans la compil’ The Lloyd Charmers sessions 1971-1976, vous vous amuserez à reconnaître tout un tas de titres adaptés ou popularisés par Ken Boothe, témoin s’il en était besoin que la sono mondiale et son grand brassage ne date pas d’aujourd’hui.

Ken Boothe a inscrit au patrimoine musical mondial des titres immortels. Il fût décoré en 2003 par le gouvernement jamaïcain de l’Ordre de la distinction pour son apport à la musique populaire jamaïcaine.Toujours resté fidèle au rocksteady, il nous montrera mercredi son immense talent et sa voix soul qui en font une des figures marquantes de la musique du 20ème siècle.
Horace Andy & Ken Boothe réunis sur la même scène, c’est simple, j’en ai déjà la chair de poule…
# Label Bmol 8
Où trouver Horace Andy ?
Où trouver Massive Attack ?