PRINCE IS BACK!

Oui, sa Majesté est de retour. Sa fin de carrière avait déjà dessiné un redressement spectaculaire après des décennies d’errements musicaux et de luttes avec la major Warner et l’industrie du disque. Mais Art official age et surtout Hit n run : phase two avait sonné le réveil. Hélas Prince était décédé presque dans la foulée…
Depuis, un premier album posthume est déjà paru l’année dernière : Piano and microphones 1983. Un album d’inédits ou le nain pourpre, seul au piano, égrène titres à venir et reprises ou classiques gospel. Originals est lui basé sur un concept simple : rassembler toutes les chansons écrites pour d’autres lors de sa meilleure période puisque les titres vont de 1981 à 1991, période de créativité sans faille du LoveSymbol. Et pour la première fois ce sont les versions enregistrées et chantées par lui, de simples démos mais parfaites comme on peut l’imaginer de la part d’un perfectionniste comme lui.
Évidemment quand Prince écrit une chanson, même pour d’autres, la qualité est au rendez-vous, bon nombre d’entre elles sont d’ailleurs devenues des tubes : Manic Monday par les Bangles, Love… Thy will be done chantée par Martika ou encore Nothing compares 2 U interprétée par Sinead O’Connor. Beaucoup d’autres ont été écrites pour son écurie de l’époque : ses amantes et/ou collaboratrices1 et ses groupes parallèles : Mazarati, The Time, The Family…
On retrouve dans ses 15 titres toute la palette fabuleuse de l’artiste : funk moite (Sex shooter) et bizaroides avec ce traitement si particulier des claviers (Holly rock), balades mélancoliques (Noon rendez vous), ritournelle pop bien troussée (Manic Monday), électro-funk futuriste à la DAF (Make-Up), mélodies imparables (bah… un peu tout l’album !) et même une chanson composée pour le musicien et chanteur country Kenny Rogers, You’re my love. C’est comme si Marvin Gaye, Jimi Hendrix, Stewie Wonder, Joni Mitchell et bien d’autres avait fusionné en une seule personne. Et qu’il avait digéré l’histoire de la musique des 50 dernières années.
Pour l’instant force est de constater que les héritiers chargés de gérer l’énorme réservoir de chansons2 de Prince ne font pas n’importe quoi : les sorties posthumes ne répondent pas (seulement) à un impératif commercial mais sont bien pensées. La meilleure preuve est que l’album, constitué de chansons disparates écrites tout au long d’une décennie, est très homogène et parait conçu comme une œuvre véritable. Du beau travail…
- Prince a très tôt travaillé avec des chanteuses mais aussi des musiciennes, ce qui était plutôt rares à l’époque. Citons Lisa Coleman, Wendy Melvoin et Sheila E., sa batteuse attitré de très nombreuses années [↩]
- le fameux The Vault, le coffre-fort de Paisley Park qui contiendrait des centaines de chansons inédites et qui nourrit quantité de fantasmes… [↩]