FEST-DEBRIEF : ON Y ETAIT… UN VENDREDI AUX EUROCKS
Il se dit que les Eurocks sans boue c’est un peu comme une fête de la musique sans pluie…
Même pas peur. Nous sommes donc arrivés le vendredi avec la pluie, avons monté la tente sous la pluie, dormi sous la pluie, et démonté la tente le lendemain… sous la pluie. Ça ressemblait presque à un rite de passage. Je crois qu’on a gagné le droit de revenir l’année prochaine.
Heureusement le mauvais temps n’a jamais eu raison de la bonne humeur des Eurockéens et Eurockéennes. Les festivaliers étaient donc bien au rendez-vous, et quelques fans de foot égarés aussi.
Bilan de cette journée du vendredi 4 juillet :
– Elimination en quart de finale par l’Allemagne : 1
– Concerts mémorables : 2
– Bonne découverte : 1
– Déception : 1
– Au secours : 2
– Mètres cubes de boue : beaucoup
Après avoir parcouru plusieurs kilomètres avec nos magnifiques ponchos de pluie (parking, marcher, camping, marcher, navette, marcher), nous voilà enfin arrivés sur le site du festival.
Pas le temps de prendre nos repères que les concerts attaquent déjà. Ce qui a de bien avec les scènes découverte, c’est qu’il y en a pour tous les goûts…

Mention spéciale à Findlay qui, avec sa voix enragée mais néanmoins sexy, a eu le mérite de nous obliger à tendre l’oreille par-dessus les « Mais tire putain tire !!! » scandés devant l’unique écran du festival.

Mention moins spéciale à The Fat White Family. Pour résumer la chose, nous emprunterons ces mots trouvés sur le site de La route du rock : « Affreux, sales et méchants, ces six Anglais de Brixton s’attachent à être le groupe le moins fréquentable de la perfide Albion. Croisement improbable entre The Cramps et The Fall, cette grasse famille blanche excelle dans un rock malsain et gouailleur, branleur mais toujours juste ». Pour ceux d’entre vous qui ont l’estomac bien accroché, nous vous conseillons d’aller jeter un coup d’œil à leurs clips. Ecœurement garanti. On a fui loin (devant l’écran de foot, avec une bonne bière).

Après ça, première grosse scène de la soirée avec les Pixies. Difficile de dire quoi en penser, parce que bon c’est quand même un groupe mythique. Pour résumer disons que nous sommes restés sur notre faim… Fidèles à leur réputation, à savoir mythiques par leurs morceaux mais pas par leur prestation scénique, ils ont en plus souffert, à notre avis, d’un gros son bien dégueulasse.
En plus, stratégie oblige (et comme tout est une question de choix), on est partis avant la fin, au moment même où raisonnaient les premières notes de « Where is my mind », ce qui n’a fait qu’ajouter à ma déception. Sur ce concert on est passés à côté.


Heureusement la suite a été davantage à la hauteur de nos espérances. 21h30 Metronomy. Alors là on dit un grand « J’aime ». Confidence pour confidence, nous faisions partis de ce public conquis d’avance. Mais quand même. Le son est bon, la présence scénique y est, et on a même oublié pour quelques instants qu’il faisait un temps pourri et qu’on pataugeait dans la boue depuis le début d’après-midi.


Suite de la soirée et autre grosse tête d’affiche : Stromae. On commence à se dire que
a) soit on n’a pas d’oreille musicale
b) soit on n’est pas très branché grosse tête d’affiche
c) soit on est trop vieux.

Parce que oui Stromae est un vrai showman qui arpente la scène avec une décontraction déconcertante. Oui son spectacle est un vrai son et lumière truffé d’effets visuels plus hallucinants les uns que les autres. Oui certains morceaux sont bons et les rythmes enivrants. Mais voilà on n’était pas dedans. Juste l’impression d’être dans une discothèque géante à ciel ouvert. Seul véritable moment d’émotion, le morceau « Tous les mêmes » chanté à la fin a capella dans un silence religieux. Nous garderons cette image.
Les festivals ont cela de magique qu’on a tout juste le temps de se remettre d’une émotion qu’on est déjà propulsé dans un autre univers. On se serait bien passé de celui qui a suivi. Odezenne se résume aux seuls titres de ses chansons : « Tu pu du cu » et leur chanson d’amour phare « Je veux te baiser ». Tout est dit ou presque, on vous fait grâce de la suite.
Nous disions donc que les festivals ont ceci de magique… 1h du matin, après avoir laissé la parole aux intermittents, les derniers nuages se dissipent enfin, et une voix qu’on a cru perdue à jamais vient réveiller les cœurs des trentenaires et plus rassemblés devant la Grande Scène.

Public fébrile et impatient. Fidèle de Noir Désir et de son chanteur charismatique, Bertrand Cantat. Après s’être heurtés à des réactions de nos amis et voisins plus ou moins violentes, on a presque envie de dire « envers et contre tout(s) ». Nous ferons ici volontairement abstraction des quand dira-t-on pour nous concentrer sur ce qui nous a paru à cet instant l’essentiel (et ce pourquoi nous étions là) : la musique. Et cette musique-là fait du bien par où elle passe, ça va sans dire. Quelques bons morceaux de Detroit (très bons « Droit dans le soleil » et « Sa majesté ») et plusieurs reprises de Noir Désir : Lazy, Un jour en France, Tostaky, Comme elle vient. Petits moments de bonheur à l’état pur.
Après s’être refait un petit 25 kilomètres pour retourner jusqu’au camping et angoissée à l’idée de retrouver un fan d’Odezenne imbibé d’alcool dans notre tente, nous nous écroulons de boue et de fatigue. La nuit fut courte, ponctuée de « APEROOOOOO !!! » plus ou moins suivis et scandés avec plus ou moins de convictions. Le lendemain matin au réveil, avec le retour de la pluie, nous n’avons pas mis longtemps à tomber d’accord : « Finalement chez soi on est bien aussi, non ? ».