MUSIQUE & POLITIQUE

Le monde de la politique et celui de la musique ont toujours entretenu des rapports étroits et complexes. A l’occasion de la campagne présidentielle, il peut sembler intéressant d’explorer les liens qui unissent Musique et Politique…

Dans la Grèce Antique, la musique tient une place importante dans la vie sociale et religieuse. Elle est considérée comme un art majeur à l’égal de la poésie, de la danse et de la médecine. Ainsi Orphée réussit grâce à sa musique à convaincre Hadès, Dieu des enfers, de libérer Euridyce… et le mythe fondateur de la musique venait de naître. Les Grecs attribuaient toutes sortes de vertus à la musique et la considéraient comme indispensable pour former le caractère des jeunes.La musique était moins appréciée dans la Rome Antique. L’hostilité des pères de l’Église, qui interdirent les fêtes du paganisme, en étant peu être la cause principale. Même si on en retrouve peu de traces chez les Romains, on sait qu’elle accompagnait tout de même nombre d’évènements : funérailles, théâtre, combats de gladiateurs…

Et de nos jours? Musique et Politique forment-ils un couple au mariage heureux ou au mariage pluvieux? Ben un peu des deux il semble…

Question vocabulaire, la sémantique politique a largement puisé dans le vocabulaire musical durant cette campagne présidentielle. On a vanté « la voix qui ne transige pas », « une parole où il n’y a pas que la musique », on a commenté « la petite musique de la campagne », « la partition » de tel candidat qualifié de « chef d’orchestre » ou même de « rock star », ou carrément regretté ceux qui « jouaient en solo » ou qui transformaient la campagne en « spectacle de music-hall ».

Mais on met aussi en musique son programme ou son meeting, au propre comme au figuré. En son temps le Douce France de Trénet pour Eva Joly ou Arcade Fire chez François Bayrou ont égayé les réunions publiques (que dire du raté de l’UMP qui avait omis de déclarer l’utilisation du Kids de MGMT lors de ses meetings… en pleine discussion sur le projet de loi Création et Internet!).
Cette année chez François Hollande, on a pu entendre du Alex Beaupain et du Benjamin Biolay et même un live de Kassav. Si Jean-Marie Le Pen aimait à faire ses entrées de meeting sur les chœurs d’Aida de Verdi, sa fille Marine a préféré une création originale comme la plupart des candidats qui demande à des agences de mettre en musique leurs apparitions publiques. Dans un autre registre on peut écouter ici le légendaire titre des Bérurier Noir qui disait merde zut au Front National lors de cet excellent live de l’Olympia en 1989

Chanter, cela peut être bon pour la popularité. Si Raffarin avait fait un argument politique de son amour de Johnny et repris un slogan de Lorie (souvenez vous la Positive attitude) on oublie parfois que le personnel politique a mouillé la chemise.
Nombre de candidats se sont essayés, sans beaucoup de succès il faut le dire, à pousser la chansonnette…

Quand ils n’inventent pas, carrément, le lipdub le plus pourri de l’histoire.

Les chansons ont aussi servi ou accompagné des luttes politiques ou sociales.l’Internationale bien sur avec cette version revisitée de Chanson Plus Bifluorée, le Temps des Cerises, mais aussi pendant la seconde guerre mondiale Bella Ciao ou le Chant des partisans.
Le plus célèbre des airs de campagne La Marseillaise, ce n’est pas que le Aux Armes etc de Gainsbourg, ce sont aussi des hommes politiques qui s’y essaient avec plus ou moins de bonheur.

D’autres personnages politiques vont même plus loin… roulement de tambour! Eh oui ils jouent d’un instrument. Si Giscard en son temps pouvait capter l’électorat en offrant un petit air d’accordéon lors d’une émission télé, il est désormais plutôt de bon ton d’épouser une chanteuse (le chef de l’Etat), une violoniste (Anne Gravoin pour Emmanuel Valls), de pratiquer un instrument : Bill Clinton et son saxophone (je parle de l’instrument de musique…) ou de faire une petite apparition sur scène comme Barack Obama entouré de quelques vedettes… Mick Jagger et BB King remplaçant ici nos Mireille Mathieu et Enrico Macias nationaux…

J’entends déjà les sceptiques évoquer aussi les joueurs de flûte et autre pipeau mais trop tard… je l’ai faite.

La musique peut aussi s’avérer être un instrument politique. Cette chanson sur Jean Luc Mélenchon sent bon le « coup » de l’équipe de campagne.

Ça dégaine pas mal aussi sur les réseaux sociaux des candidats mais la dernière arme fatale (venue des Etats-Unis) est la playlist du candidat qui dévoile ainsi ses coups de cœur du moment.
Celle d’ Obamade Francois Hollande et de Nicolas Sarkozy. Je vous laisse regarder et apprécier ces 2 dernières playlists qualifiées sur le web de « branchouilles » ou de « franchouillardes », c’est selon.

Suite la semaine prochaine…

Author: Jérôme

Persuadé que toute musique a un sens social caché, il déteste Florent Pagny et Elton John. Musicien, il raconte partout qu'il a joué avec Tiken Jah Fakoly et qu'il a touché Angus Young lors d'un concert à Alpexpo en 1980. Il essaye lamentablement d'imposer l'écoute de France Culture en voiture à ses enfants, mais connaît le rap et le r'n'b de Skyrock par cœur. Obnubilé par la désertion des jeunes en bibliothèque, il serait prêt à remplacer le logo des bibliothèques de Grenoble par une photo plain-pied de Beyonce.

3 Replies to “MUSIQUE & POLITIQUE”

  1. Quand la France est gouvernée par d’anciens rockeurs, il ne faut pas s’étonner que tout aille de travers…

  2. Il y avait aussi Alain Souchon qui a fait une chanson hommage à Arlette Laguiller sur l’album “C’est déjà ça”.

    Et puis pour les Bérurier, ça n’a plus l’air d’être une chanson d’actualité malheureusement…

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