LES DOCUMENTAIRES SUR LES FOOTBALLEURS ET LA MUSIQUE

Outre le fait que le football est souvent le passe-temps préféré des musiciens – on se souvient de Bob Marley et ses Wailers écrasant des journalistes français dans un match improvisé avant un concert – les documentaristes se sont plusieurs fois penchés sur le cas du football, et plus particulièrement du footballeur.

Le cas le plus emblématique mêlant football et musique est peut être celui du Maradona de Kusturica en 2008. La musique y est assez présente. Outre Manu Chao qui interprète une chanson en son honneur, on peut y voir un très beau passage extrait d’une fête familiale où Diego chante sous les yeux émus de sa femme et de ses filles. La mano de Dios est une allusion à son but marqué de la main face à l’Angleterre en phase finale de Coupe du Monde. Cet intéressant documentaire, qui insiste sur l’aspect politique et humaniste du personnage, retrace l’incroyable destin de Maradona, Dieu vivant du football puis idole déchue, considéré comme l’un des plus grands footballeurs de tous les temps.

Looking for Manchester est un documentaire de 2010 produit par Eric Cantona. Diffusé il y a peu sur Canal +, il présente la vie sociale des supporters des deux équipes de Manchester et analyse, entre autre, le rapport unique existant entre culture rock et culture footballistique. La parole est donnée aux supporters, le point d’orgue étant les préparatifs du derby entre les 2 clubs de la ville.

Zidane, un portrait du XXI siècle de Douglas Gordon et Philippe Parreno scrute, grâce à 17 caméras, Zinedine Zidane pendant un match face à Villaréal le 23 avril 2005. Ce film est mis en musique spécialement pour l’occasion par le groupe post-rock écossais Mogwaï. La bande-son met en avant l’expérience sensorielle d’une telle opération : la vison d’un homme qui attend, court, le regard fixe. Une chorégraphie inhabituelle pour une œuvre contemporaine qui n’a pas grand-chose à voir avec le sport. A la croisée d’un art contemporain réputé élitiste et du football, art populaire par excellence.

Terminons enfin par les liens étroits qu’entretiennent les footballeurs avec la musique. Outre l’existence de couples mixtes (David Beckham et sa Spice Girl), on peut citer des joueurs préférant aller à un concert plutôt que se taper la Ligue des Champions à la télé avec les potes du club. Ainsi M’Bia choisissant Rihanna en live et s’attirant les foudres de son entraineur. Ou alors ces joueurs de l’Equipe de France, les écouteurs greffés aux oreilles (alternative : le téléphone portable) tels de véritables autistes, descendant du bus et rejoignant les vestiaires et semblant préférer l’isolement à la vie de groupe. Car parfois la musique, loin de réunir, isole de ses coreligionnaires. A méditer au vu du jeu collectif produit par notre équipe nationale…

De ce qu’on sait, l’équipe de France écoute dans sa grande majorité du rap (Anelka, Henry, Ribéry, Benzema) mais quelques extra-terrestre sont à signaler : Malouda branché reggae/dancehall, fréquentant les sound system et qui a monté un festival dans sa Guyane natale. Ou Zidane l’extraterrestre chantant un improbable mais prémonitoire On ira tous au paradis en 1998 dans Les Yeux dans les Bleus (à 1’35 »).

Vous trouverez bien sur ces documentaires (sauf le deuxième cité qui n’est pas encore sorti en DVD) dans les bibliothèques de Grenoble…

La semaine prochaine : l’exemple de Manchester et de Marseille.

Author: Jérôme

Persuadé que toute musique a un sens social caché, il déteste Florent Pagny et Elton John. Musicien, il raconte partout qu'il a joué avec Tiken Jah Fakoly et qu'il a touché Angus Young lors d'un concert à Alpexpo en 1980. Il essaye lamentablement d'imposer l'écoute de France Culture en voiture à ses enfants, mais connaît le rap et le r'n'b de Skyrock par cœur. Obnubilé par la désertion des jeunes en bibliothèque, il serait prêt à remplacer le logo des bibliothèques de Grenoble par une photo plain-pied de Beyonce.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.