Le nom de la rose

Dès les premières notes nous sommes au cœur de la cathédrale, dans le saint des saints. Un carillon moyenâgeux sert d’introduction à cet album dont on retiendra la ferveur austère et solennelle, en quelque sorte celle d’une prière. Ensuite, on est frappés par la constance, la concentration et une certaine intériorité qui perdure du premier au dernier morceau.
A ne pas y prêter attention, on risque de passer à côté d’un bel album singulier, dont la mesure cache une forêt de questionnements.
Les frères Barnett on conçu ce nouvel opus autour de l’idée d’émergence : celle de la vie et de la pensée, celle – onirique – de l’effroi de l’individu dans un monde vaste et étrange, celle de l’univers et de ses éléments, ou encore l’émergence de la flamme qui embrasera la forêt puis le monde.
On peut être déroutés par l’utilisation de certains sons dont on a l’habitude dans d’autres types de musiques. Par exemple un son très « jungle » sur certaines pistes (Beyond black sun /Inside the rose/A-R-P), mais sur un rythme calme et solennel de cérémonie magique : l’hystérie de la musique « jungle » se transforme alors en vagues naissantes, en boucles mélodiques agrémentées d’arrangements lyriques étonnants.
Une majesté ample et quasi religieuse porte la simplicité épurée des paroles souvent répétées comme une litanie. La description d’une vision onirique du chanteur donne corps à une chanson puissante et envoûtante (Where the trees are on fire), une interrogation donne lieu à une quête existentielle (Six).
Le rêve est le principal sujet de cette musique, pour ne pas dire l’obsession qui caractérise chaque morceau. Le feu, le mystère de la naissance, les visions sépulcrales ou célestes de l’au-delà, la symphonie des éléments coordonnent une symbolique vitaliste au service d’un rock conceptuel mâtiné de lyrisme et construit sur des mélodies puissantes et stables que l’électronique vient heurter.
Cette formation britannique nous avait jusqu’alors habitués à des recherches sonores, vocales et rythmiques quelques peu surprenantes sur ses précédents albums (le morceau We want war sur l’album de 2010 Hidden en est un bel échantillon).
On retrouve sur Inside the rose les subtiles quêtes de des deux frères Barnett, dans un espace musical plus cohérent et du coup, plus habité.