LE FESTI-DEBRIEF #1 : JAZZ A VIENNE
Ce vendredi 12 juillet à Vienne, la Reine de la Nuit était coréenne, même les étoiles vous le diront :
Youn Sun Nah, qui en interprétant en entrée de concert « My favorite things » presqu’ a cappella, s’accompagnant elle-même d’une sanza – ce petit piano à pouce africain au son de boîte à musique – réduisit au silence un théâtre antique bourré à craquer : ce petit bout de femme au sourire plein de fossettes, se confondant d’une voix quasi enfantine en remerciements émus entre chaque chanson comme si les spectateurs eux-mêmes étaient à l’origine de son talent, a réussi l’exploit de faire succomber aux charmes de sa voix des milliers de spectateurs, qui clamaient debout leur admiration dès la fin de la troisième chanson.
Malgré une formation de style « jazz de chambre », plus taillée pour le club intimiste que pour les grands espaces en plein air, l’intensité et la virtuosité du chant de Youn Sun Nah, ainsi que celles du jeu des musiciens (Vincent Peirani à l’accordéon, Simon Tailleu à la contrebasse, et bien sûr l’extraordinaire guitariste suédois Ulf Wakenius : quasiment la formation de « Lento ») a réussi à éclipser l’environnement démesuré, les bruits de la ville, les échos de la scène extérieure.
Une souplesse vocale incroyable, des aigus cristallins (impossible de ne pas penser à la Reine de la nuit de la Flûte enchantée, qu’elle a bien dû aborder lors de sa formation lyrique), des graves charnus, une précision et une vélocité à toute épreuve, toutes ces qualités ont été éminemment mises en valeur en particulier dans les 2 compositions de Ulf Wakenius, d’ailleurs toutes les 2 ovationnées debout !
Loin de toutes ces « nouvelle Billy Holiday » ou « nouvelle Ella Fitzgerald », Youn Sun Nah sait tracer un chemin tout personnel, fait de tradition coréenne, d’improvisation, de chant lyrique, d’influences venues de la pop et de la chanson française : mais on le garantit, le tout produit bien du jazz, et même, ce vendredi soir, de la magie ! Martine
Soirée « new generation » à Vienne ce soir. Le cadre de Jazz à Vienne est exceptionnel, on assiste lentement au coucher de soleil sur les collines puis peu à peu la ville et les environs s’illuminent, pas de nuages noirs à l’horizon, tout cela est de bonne augure.
Au programme José James, Youn Sun Nah et donc AVISHAI COHEN Quartet. « New generation » soit, mais le sieur à déjà de la bouteille quand même et quelques albums au compteur. L’expérience est bien là on s’en apercevra au fil du concert. La nouvelle génération est plutôt à chercher du coté du groupe qui l’accompagne; le contrebassiste est en effet entouré d’une équipe de petits jeunes : 20 piges au compteur pour le batteur et le pianiste. Avishai Cohen officie plutôt dans la catégorie « diesel »; entendez que les débuts sont non pas poussifs mais tranquilles, les choses se mettent en place petit à petit sans esbroufes et autres effets de manche. En revanche, plus on avance dans le concert, plus les musiciens sont affutés, créatifs, à l’écoute les uns des autres et plus le plaisir de jouer ensemble est manifeste et communicatif. Avishai revient pour un premier rappel tout seul à la contrebasse pour trois titres magnifiques dont deux chanté en espagnol qui font chavirer tout l’amphithéâtre. Second rappel, troisième rappel, Avishai passe de la contrebasse à la basse électrique avec toujours le même sourire accroché aux lèvres, la même générosité. Comme il le dira au micro : « Thank You very much, you make my life beautiful ! ». Merci à toi Avishai pour cet excellent concert qui aura réussi l’exercice périlleux de succéder à Youn Sun Nah… Julien
pour ceux qui aurait raté ou qui voudrait revoir : http://liveweb.arte.tv/fr/video/Jazz_a_Vienne_Youn_Sun_Nah/