LE BLUES DU DÉSERT EN 5 ALBUMS
Bmol en tongs ! En juillet et août, Bmol sera en mode best of… Retrouvez tout l’été des articles parus depuis 2008, spécialement sélectionnés par notre équipe.
Quelques points communs frappants avec le blues afro-américain : l’omniprésence de la guitare, les mêmes gammes blues dites « pentatoniques » de part et d’autres de l’océan Atlantique, l’orchestration classique basse batterie guitare, chant. Le coté scansion également, presque chamanique. Bien sûr c’est à la fois très proche et très différent car la manière de jouer de la guitare en Afrique est totalement autre (voir le documentaire sur la guitare en Guinée «Rites électriques»). Si loin si proche ce blues du désert…
ALI FARKA TOURE, « The River »
Dès le premier titre (Heygana) on est en plein blues ! Rythmes lancinants à la guitare, voix perchée qui psalmodie en boucle, choristes en retrait, solo de guitare minimaliste et même harmonica ! On croirait par moment entendre John Lee Hooker, mais bien sur on est complètement ailleurs : l’orchestration qui repose essentiellement sur la guitare et des percussions discrètes peut aussi laisser la place à un saxophone qui double le thème (Al Bine).
A voir également ce documentaire sur CinéVod. A noter que son fils, comme son nom ne l’indique pas, Vieux Farka Touré, a pris le relais musical et à sorti plusieurs albums d’excellente facture, notamment « Fondo »…
BOMBINO, « Agadez »
Présenté parfois comme le « Jimi Hendrix du désert » (mouais…), Bombino est aussi à l’aise en version acoustique que lorsqu’il y a de l’électricité dans l’air. Son dernier album produit par Dan Auerbach des Black Keys le tire vers le gros rock en gonflant la production. Rien de tel ici, son jeu de guitare est marqué par le rythme bien sur et une belle originalité. Une guitare, une voix : la démonstration que cette musique n’a besoin d’aucun artifice. A voir absolument en concert d’autant que Bombino joue très souvent en France…
TINARIWEN, « Tassili »
Groupe de touaregs du nord du Mali, Tinariwen joue depuis plus de 25 ans. D’abord en diffusant des messages politiques au sein de la rébellion touareg des années 90 (voir toujours sur CinéVod le documentaire « Teshumara, les guitares de la rébellion touareg »), puis peu à peu en élargissant son audience et en tournant dans le monde entier. Son dernier album a été enregistré lui aussi aux États-Unis, témoignant de l’intérêt depuis quelques années pour cette musique que le groupe personnifie à merveille.
TAMIKREST, « Chatma »
Tamikrest est assez proche de Tinariwen. C’est en quelque sorte la génération suivante de musiciens touaregs issus eux aussi du Mali, pays très riche musicalement mais où la violence n’est pas nouvelle. C’est à peu près la même recette avec peut-être un peu plus de mélodies et d’attrait pour la musique pop occidentale. Ça n’empêche pas le groupe d’être excellent.
BOUBACAR TRAORE, « Mali Denhou »
La aussi, on est directement dans le vif du sujet avec un solo d’harmonica en importation directe des States ! On est toujours dans des choses très simples, des rythmes qui reviennent en boucle de manière hypnotique avec une grande économie de moyen, une guitare, une percussion suffisent à remplir tout l’espace, dans un esprit très proche des blues acoustiques des premiers temps…