La revanche de la clarinette basse !

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Que celui qui n’a jamais succombé au charme de la clarinette basse se dénonce ! Et saisisse une deuxième chance d’apprécier la sonorité de cet instrument qui, bien que  n’étant pas destiné à être soliste, sait si bien se montrer  souple et expressif, tour à tour velouté ou rugueux, angélique ou diabolique, poétique ou trivial.

Deux albums  ont mis récemment ce « beau son » en valeur :

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Sur le jeune label Arjunamusic du batteur-percussionniste Samuel Rohrer, vient de sortir « Amiira », où la clarinette basse de Klaus Gesing dialogue avec la basse de Björn Meyer et les percussions de Samuel Rohrer.

L’ambiance générale de la musique du trio est assez proche du son estampillé ECM (« le son le plus beau après le silence »), ce qui n’a rien d’étonnant puisque Klaus Gesing a à son actif plusieurs enregistrements sur ce label, avec Norma Winstone ou Anouar Brahem, en particulier  sur le dernier album de celui-ci, « Souvenance ».

L’espace laissé au déploiement du son, et les divers traitements électroniques font de chacune des plages de ce disque des moments de grâce hors du temps, comme dans « Minne » : les percussions légères y accompagnent la clarinette basse dans une promenade nostalgique  au milieu d’un paysage légèrement brumeux. Ou bien dans « Fulminate » lorsque la clarinette prend des allures d’accordéon au son vaguement enroué, comme un charme destiné à calmer les fureurs d’un volcan.

Un album plutôt contemplatif, qui n’étale jamais sa virtuosité, préférant laisser se déployer les textures et les couleurs.

De ce côté-ci du Rhin Laurent Rochelle, avec Okidoki Quartet, présente dans l’album « Si tu regardes » un répertoire « climatique » qui tire ses influences à la fois du jazz et de la musique répétitive, avec en prime sur quelques plages la voix (en allemand ou en anglais ) de la chanteuse Bruxelloise Anja Kowalski, comme sur « Morgen », le morceau d’ouverture.

Les timbres de la clarinette basse, de la contrebasse et du piano, souvent à l’unisson, se marient à merveille sur des mélodies lyriques et délicates ou sur des épisodes plus rythmiques, et les traitements appliqués à la voix contribuent à l’ambiance cinématographique un peu mystérieuse de l’ensemble. Et l’on pense quelquefois à l’anglais John Surman, pour la rondeur et la fluidité des graves de la clarinette.

Et si vous êtes tombé sous le charme de l’instrument, vous pouvez écouter aussi Denis Colin, Michel Portal, Thomas Savy, l’italien Gianluigi Trovesi, Louis Sclavis ou encore Oran Etkin, sans parler des grands anciens Eric Dolphy, Denis Maupin ou David Murray, que vous retrouverez tous dans les rayons des bibliothèques de Grenoble.

 

Author: Martine

Si j'avais le choix de la couleur, j'aimerais assez être bleue, comme la note du même nom; si j'étais une note, j'aimerais être n'importe quelle petite croche de l'adagio du concerto pour clarinette de Mozart (et je promets de rester bien à ma place), ou encore un silence entre 2 notes de Thelonious Monk; si je devais changer de métier, je me vois bien pâtre sur un rocher chez Schubert ou ornithologiste chez Charlie Parker… Mais bon, j'avoue, dans la vraie vie je m'appelle Martine, et je suis amatrice, outre de musiques en tous genres - mais plus particulièrement celles qui passent à des heures impossibles à la radio - de moelleux au chocolat (avec un fond de sauternes), car c'est bien connu, ventre affamé n'a point d'oreille, et dans notre métier, les oreilles, c'est essentiel !

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