Cabinet de curiosités : la Ursonate de KURT SCHWITTERS

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Quelle ne fut pas ma surprise à l’écoute de Psychopharmaka, le dernier album (excellent !) de Rodolphe Burger (guitariste et chanteur du fameux groupe des années 90-2000 Kat Onoma) et Olivier Cadiot de reconnaître parmi les samples utilisés un extrait de la Ursonate de Kurt Schwitters, œuvre enregistrée au début des années 30 et que je croyais complètement passée aux oubliettes…

Kurt Schwitters, artiste déclaré « dégénéré » par le pouvoir nazi, est connu dans les milieux des arts plastiques comme l’initiateur à l’époque des surréalistes et du mouvement Dada du courant « Merz » dont il était l’éminent et unique représentant. Son but étant « l’art total », il expérimenta autant en typographie qu’en art plastique, en poésie et en musique, utilisant dans ces domaines la même technique du collage et de l’assemblage à partir de matériaux divers, de préférence de récupération.

C’est ainsi que la Ursonate est un « poème phonétique », constitué de syllabes ou de sons dénués de signification (le terme « Ursonate » est traduit quelquefois par « Sonate en sons primitifs »), qui a été d’abord publié dans la revue Merz comme une œuvre à la fois poétique et typographique, et qui était déclamée dans les soirées Dada, puis enregistrée par Kurt Schwitters lui-même.

Construite en quatre mouvements comme une sonate classique (rondo – largo – scherzo – presto et cadence), elle se présente à nos oreilles comme une construction en collages, comme l’œuvre d’un précurseur dans l’esprit de la musique concrète ou de nos actuels samplers.

La Ursonate, que l’auteur-compositeur a voulu ouverte à l’improvisation est toujours interprétée dans divers festival ou rencontre de « poésie sonore » comme ici par Jaap Blong

Il en existe même un arrangement pour quatuor , une version avec trombone et clavier, ou encore, celle de Yi-Ping Yang, avec percussions et objets : belle performance !

Finalement, pas si oubliée que ça, cette Ursonate, et vous pouvez toujours emprunter la version originale par Kurt Schwitters lui-même (1932) à la Bibliothèque du Centre-Ville.

Author: Martine

Si j'avais le choix de la couleur, j'aimerais assez être bleue, comme la note du même nom; si j'étais une note, j'aimerais être n'importe quelle petite croche de l'adagio du concerto pour clarinette de Mozart (et je promets de rester bien à ma place), ou encore un silence entre 2 notes de Thelonious Monk; si je devais changer de métier, je me vois bien pâtre sur un rocher chez Schubert ou ornithologiste chez Charlie Parker… Mais bon, j'avoue, dans la vraie vie je m'appelle Martine, et je suis amatrice, outre de musiques en tous genres - mais plus particulièrement celles qui passent à des heures impossibles à la radio - de moelleux au chocolat (avec un fond de sauternes), car c'est bien connu, ventre affamé n'a point d'oreille, et dans notre métier, les oreilles, c'est essentiel !

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