Je prétends que Chrissie Hynde, meneuse du groupe «The Pretenders» a quelque chose de vraiment spécial !

On pourrait croire, au premier abord, que la brune aux yeux noirs Chrissie Hynde, meneuse depuis plus de 40 ans du groupe The Pretenders (offrant un rock assez élégant, so british), est anglaise. Mais en vérité cette égérie sauvage de la pop-culture est une américaine née en 1951 dans l’Ohio.
Après une enfance joyeuse et insouciante dans le Midwest, l’ambitieuse Chrissie rêve de gloire musicale en écoutant les Beatles, les Rolling Stones et Iggy Pop.
Devenue une véritable rebelle, elle apprend vite à jouer de la guitare électrique et commence déjà à composer des chansons. Après des études aux Beaux-Arts où elle est influencée par la culture hippie, elle tente rapidement sa chance à New-York à la même époque qu’une autre future icône de la scène punk-rock, miss Debbie Harry de Blondie.
Puis, fuyant la galère de la vie d’une jeune artiste, Chrissie décide de traverser l’Atlantique en 1973. A Londres, on lui donne sa chance, elle écrit des articles pour un magazine musical qui lui permet ainsi de fréquenter la bouillonnante faune de la scène britannique underground : Mark Mothersbaugh, chanteur du groupe proto-punk Devo, Mick Jones guitariste-chanteur et fondateur The Clash ainsi que les membres du groupe punk-rock The Damned, le guitariste Steve Jones des Sex Pistols,. Elle fait les choristes pour Chris Spedding et Johnny Thunders du groupe glam new-yorkais The New-York Dolls.
Elle travaille aussi comme vendeuse de vêtements dans une boutique fashion appartenant à Vivienne Westwood (la fameuse styliste excentrique qui lança la mode punk dans les seventies).
Après un bref passage peu convainquant à Paris en 1974 comme chanteuse du groupe glam fançais «The Frenchies», elle revient en Angleterre. En 1978, en pleine période punk, elle forme alors un groupe grâce à la rencontre décisive avec le bassiste Pete Farndon, le batteur Martin Chambers et le guitariste James Honeyman-Scott.
On dit que le nom de ce groupe anglo-américain, The Pretenders viendrait d’une chanson des Platters, The great pretender qui sera plus tard reprise par Freddie Mercury.
Au sein de ce groupe de garçons musiciens, dès le départ, c’est vraiment Chrissie qui mène la danse : c’est elle la patronne (c’est le girl power avant Madonna).
En effet, Chrissie a des atouts à faire valoir pour le quatuor : elle a une voix rageuse obsédante et reconnaissable, elle est une guitariste douée aux riffs accrocheurs à la Keith Richards. Dotée d’une beauté naturelle et arborant un look de cuir noir ou rouge, charismatique sans artifice, elle dégage donc une véritable présence scénique, tout en possédant un véritable talent d’écriture.
L’envoûtante Chrissie séduit tout de suite le public et part à la conquête du monde mais sans prétention d’une grande diva, elle surfe sur la vague New-Wave avec des tubes planétaires. Les prétendants au succès mondial lancent leur premier tube, Stop your sobbing une reprise des Kinks, suivi de Brass in pocket en 1979 qui leur permet de faire des tournées avec leurs potes, les Clash, Who, Paul Mac Cartney. Chrissie devient alors la compagne de son idole, Ray Davies des Kinks.
Le succès se confirme tout au long des années 80 où la sensuelle Chrissie devient l’une des rares femmes guitaristes à s’imposer dans un univers rock restant très masculin. Leur deuxième opus, sorti en 1981, fut enregistré en France et renforce leur notoriété avec I got to sleep une reprise de Ray Davies, suivi par Back of the chain gang en 1982.
La vie du groupe devient tumultueuse à cause des conséquences de la drogue et des rivalités internes. Deux membres fondateurs meurent d’overdose (Pete et James). Ils sont remplacés par d’autres musiciens comme le bassiste Tony Bulter de Big country, puis par Robbie McIntosh à la guitare et Malcolm Foster à la basse, le guitariste Johnny Marr des Smiths suivi par Adam Seymour et Andy Hobson.
En 1984, Chrissie se marie finalement avec Jim Kerr, chanteur du groupe écossais Simple Minds. Elle participe au LiveAid en réalisant un duo avec UB40 avec une version reggae I got you babe de Sonny and Cher.
En 1986, c’est carton plein avec Don’t get me wrong une reprise de Jimmy Hendrix, avec un clip rendant hommage à la série «Chapeau melon et bottes de cuir» par la présence de l’acteur Patrick Macnee alias John Steed.
En 1988, elle sort une reprise d’une chanson soul de Dusty Springfield Breakfast in bed à nouveau avec ses amis de UB40, puis réalise un come back avec la ballade I will stand by you en 1994 et en 1999 de l’album Viva el amor.
La talentueuse américaine Chrissie et ses compères anglais du Herefordshire ne sont pas seulement des machines à tubes. Elle est aussi une artiste engagée et militante , soutenant les actions de Greenpeace, la Feta et le mouvement végétarien.
Pour la bonne cause, elle accompagne en 1994, Eric Clapton, Cher et Neneh Cherry pour Love can build a bridge une chanson de charité venant en aide aux enfants rwandais. Chrissie est aussi une artiste peintre qui s’expose.
Elle travaille avec Johnny Marr, ex-Smith, avec l’Album Packet en 1990, avec Mick Ronson en 1994, ainsi qu’avec Neil Young en 2000 comme invité sur son album, idem avec Bruce Springsteen pour Nebraska. Elle participe au concert de célébration de l’anniversaire de Bob Dylan en 2014. Pour l’album Alone enregistré à Nashville, Chrissie collabore avec Dan Auerbach, guitariste et chanteur du groupe de blues rock The Black Keys originaire de la même ville, Akron dans l’Ohio (capitale mondiale du caoutchouc), puis elle participe à l’hommage au pianiste américain de jazz Mose Allison en 2019.
Durant sa longue carrière, toujours guitare à la main, Chrissie a réalisé en live de nombreux duos avec du beau monde : Annie Lennox, Elvis Castello, Rod Stewart, Stevie Nicks, Robert Plant…En 2005, c’est la consécration totale, The Pretenders sont intronisés dans le fameux temple du rock : le Rock and Roll Hall of Fame.
En parallèle des Pretenders, elle sort tardivement deux albums en solo dont Stockholm en 2014. Puis, en 2020, avec The Pretenders, Hate for sale marqué par le retour de Martin Chambers, assisté du multi-instrumentiste James Walbourne et du bassiste Nick Wilkinson.
Finalement, sans modestie, on peut dire qu’avec la rockeuse pure et dure Chrissie Hynde et sa carrière spectaculaire, c’est plus de 50 ans d’histoire du rock qui est racontée et résumée.
En effet, elle à tout vécu, collaboré avec de grosses pointures sans jamais perdre son âme libertaire de rebelle dans l’univers impitoyable du show-biz.
C’est pourquoi on peut dire sans prétention que notre chère Chrissie, incarnation vivante du rock au féminin, est une artiste à part vraiment spéciale dans le monde musical et c’est tant mieux.