GOATSNAKE, « Black age blues »
Goatsnake fait du doom1, lent, massif, plombant comme le veut l’orthodoxie du genre, tout en instillant quelques touches de blues ici et là : une intro à la guitare acoustique de Dave Pajo (Slint) sur le titre d’ouverture, de l’harmonica discret (« Elevated Man »), des chœurs gospel (« House of the moon », « Jimi’s Gone », « Grandpa Jones »). Le chanteur Pete Stahl explique la démarche du groupe : « [j’ai eu envie] de jouer du Black Sabbath sous antidépresseurs… du rock le plus heavy et lent qui soit, aux racines blues » (NewNoise#27). Le titre de l’album à lui tout seul résume parfaitement l’entreprise, ici totalement réussie.
Même si le mixage général donne toujours la part belle aux guitares et aux riffs monstrueux produits à la chaine par le guitariste Greg Anderson (également actif dans Sunn O)))), ces petites touches savamment distillées restent bien perceptibles à l’écoute et apportent une couleur réellement originale au projet. La voix puissante et magnifique de Pete Stahl rend l’expérience vraiment bluffante, en variant les intonations et les tessitures (notamment sur le final envoutant « A killing blues ») et évitant ainsi la monotonie des riffs mastodontes qui s’enchaineraient dans une ambiance étouffante. Ici un peu de lumière filtre malgré tout à travers les persiennes.
Pour finir malgré le côté « heavy » indéniable de l’ensemble, Goatsnake sort sans doute son album le plus facile d’accès, avec bon nombre de refrains accrocheurs (« Another river to cross », « Coffee & whisky », « Jimi’s gone ») qu’on se surprend rapidement à fredonner en boucle. Un album qui mérite haut la main le label « Musique sombre et non-festive garantie » !