Gaël Faye – Lundi méchant
Dans cette période où il est parfois difficile de faire le vide, de trouver du sens, de se retrouver ensemble mais aussi avec soi-même, le tout nouvel album de Gaël Faye vient résonner comme une lueur d’espoir… Avec Lundi méchant, le jeune rappeur, écrivain, multi créateur, nous rappelle combien résister est important aujourd’hui, combien la culture et la création aident à trouver des issues et des valeurs.
Il m’est très difficile de résumer cet album en quelques phrases, en quelques extraits de chansons ou en vous décrivant les pensées et sensations que les différents morceaux ont pu faire naître en moi. Mais finalement, après avoir écouté l’émission Le réveil culturel, sur France Culture où Gaël Faye était invité, je pense que je peux désormais reprendre ses propres propos où il résume son album en disant qu’il voulait lui donner un ton combatif, positif et joyeux et non revendicatif. Il y déclare également que son disque c’est « Parler de choses graves avec des musiques douces vient de la culture de la retenue dans laquelle j’ai grandi au Rwanda ».
Alors maintenant que le décor est planté, reprenons depuis le début… Gaël Faye revient donc à ses premiers amours : la musique. L’auteur du livre « Petit pays » paru en 2016 (qui a d’ailleurs été adapté au cinéma en août 2020) a appelé ce deuxième opus Lundi méchant. Et pourquoi ? A Bujumbura, au Burundi, où l’artiste a grandi, le lundi soir c’est le jour où on sort jusqu’au bout de la nuit. Et tant pis si le mardi est difficile, tant pis si la société nous dicte d’être sages. Un petit extrait pour vous éclairer…
« Une semaine s’achève, au compteur s’ajoute
On nous parle de crise et tout le monde a la frousse
On s’endort dans des volutes de drogues douces
Pour oublier que tous les jours l’État détrousse
On se console en consommant, notre confort
Nous rend souvent si seuls et puis sans solution
Chaque dimanche revient ce cafard incessant
Demain, lundi sera méchant
J’vais pas m’laisser démonter
Par bad vibes et morosité
Pas s’contenter mais tenter
Sinon tes rêves enterrés
Chauffez, chauffez ouais t’entends
Les pulsations dans tes tympans … »
Cet album c’est aussi un grand nombre de collaborations artistiques. Il a par exemple repris des poèmes que Christine Taubira a écrit et qu’il a mis en musique. Avec Seuls et vaincus, c’est un pied de nez tout en poésie aux nationalistes et aux xénophobes mais aussi un cri de confiance aux générations futures :
« Vous finirez seuls et vaincus car longue longue est la mémoire
Des pieds des peaux des au-revoir, et de ces temps itinérants
Où devisant et divisant, vous créez un monde en noir et blanc »
A noter que la chanteuse Mélissa Laveaux vient compléter cette belle équipe.
Gaël Faye a également fait appel à des collaborations de l’autre côté de l’Atlantique. Très admiratif de l’engagement de l’activiste Harry Belafonte (meilleur ami de Martin Luther King et qui a accompagné le mouvement des droits civiques des noirs américains), il a pu le rencontrer et a repris l’un de ses morceaux Jump in the line pour y poser sa propre empreinte artistique. Il a aussi travaillé avec le producteur new yorkais J.Period avec la chanson NYC. La dernière chanson de l’album, Kwibuka, est une collaboration avec Samuel Kamanzi, guitariste et chanteur rwandais qu’il connaît de Kigali.
Bref, vous l’avez compris, cet opus est un coup de cœur rafraîchissant. S’y mêlent différents styles musicaux : rap ; musiques électroniques, soul, slam, sonorités du Burundi… Et comme d’habitude avec Gaël Faye, ses chansons sont de véritables poésies.
Vous trouverez les documents de Gaël Faye dans le réseau des bibliothèques de Grenoble :
Gaël Faye dans la BM de Grenoble
Son dernier album est aussi présent sur Dimusic, la plate-forme musique de la numothèque.
Et ci-dessous, le site officiel de l’artiste ainsi que ses différentes pages sur les réseaux sociaux et sa chaîne Youtube.
https://www.gaelfaye-boutique.com/
https://m.facebook.com/Gaelfaye/
https://www.youtube.com/channel/UCyHKqvOc2AglELP3mqRuQHg
