FESTI-DEBRIEF # 5 / LES NUITS DE FOURVIERE
“And some people say it’s just rock’n roll…”
27 juillet 2013 : Nick Cave and The Bad Seeds dans l’enceinte millénaire du théâtre antique de Fourvière (Lyon), c’était LE concert rock à ne pas rater cette année. Oui, je sais, chers lecteurs, vous vous dîtes, “il exagère quand même, ”LE concert rock” ! Enfin ! On sait bien que le rock est mort depuis longtemps !!!”
Et comment, en effet, ne pas vous donnez raison en ces temps où le buzz se défait aussi vite qu’il se fait et où la première motivation artistique est de vendre sa petite ritournelle à une marque de voiture pour leur prochaine campagne de pub ?
Bon oui, d’accord, j’exagère… Tout le monde n’est pas vendu mais, comment dire, est-ce que vous voyez vraiment du nouveau au rayon rock’n roll ? Vous savez, la grande claque qui met tout le monde d’accord ou au contraire qui divise le monde en 2, les pours et les contres ?
Alors, à défaut de nouveauté, ce concert m’a fait l’effet d’un puissant et revigorant retour aux sources : le rock n’est pas mort, Nick Cave est son prophète (et les Bad Seeds, ses apôtres).
Nick Cave en prophète, voilà qui ne vous étonnera guère, si vous connaissez un peu l’artiste mais pour les autres, voici un petit Nick Cave pour les nuls (merci Wikipédia) :
– d’abord, le plus important : Nick Cave est fils de bibliothécaire ! (et il a eu quelques problèmes avec la drogue et l’alcool, mais ça n’a rien à voir on vous dit !)
– né en 1957, il grandit dans la religion anglicane. Visiblement marqué, ces textes font souvent référence au sacré et/ou à la Bible.
– il est australien
– en 1977, il débute sa carrière en montant le groupe post-punk The Birthday Party , s’exile en Europe, Londres d’abord, puis Berlin-Ouest.
– en 1983-1984 “The Birthday party” est dissous et Nick Cave s’associe avec Mick Harvey (au passage le producteur de certains des plus beaux albums de P.J. Harvey – mais non ils ne sont pas de la même famille !) et Blixa Bargeld (chanteur, guitariste et co-fondateur du groupe Einstürzende Neubauten).
– en 1996, succès international de “Where the Wild Roses Grow” en duo avec Kylie Minogue.
– en 2000, Johnny Cash reprend un des titres emblématiques des Bad Seeds, “The Mercy Seat”.
– en 2006, il fonde avec trois autres membres des Bad Seeds, Jim Sclavunos, Warren Ellis et Martyn P. Casey, un nouveau groupe, baptisé Grinderman. C’est devenu la formation de base des Bad Seeds depuis le départ de Mick Harvey en 2009.
– 2013 : Push the sky away , 15e album studio de Nick Cave and The Bad Seeds
Et donc, il est 22h pétantes, la nuit est tombée et les voilà ! Grande silhouette noire et dégingandée, Nick Cave entre et arpente la scène, saluant la foule, et c’est parti : We No Who U R, balade tranquille issue du dernier album. Et déjà, on sent que Nick Cave ne tient pas en place, penché au bord de la scène, il cherche le public, il veut nous emmener avec lui. Impression confirmée dès la deuxième chanson, Jubilee Street finit tout en nerfs et en tension, Nick Cave saute, danse, jette son micro pour courir à son piano ; Warren Ellis n’est pas en reste, balance sa guitare pour se saisir de son violon dont il joue comme un dément dos à la scène… Ça y est, nous sommes embarqués pour 2 heures de transe et de communion avec le Saint Esprit du Rock.
Hurlante, chuchotante, ou profonde, la voix de Nick Cave est toujours parfaite et nous accompagne dans ce voyage généreux et enfiévré où il revisite son répertoire de From Her to Eternity, tirée de son tout premier album, à Love Letter, joué piano-voix pour un final tout en douceur qui nous laisse pantelants et émus…
Mais laissons le mot de la fin à Nick :
“And some people say it’s just rock’n roll
Oh, but it gets you right down to your soul.”
“Et certains disent que ce n’est que du rock and roll
Oh, mais il vous va droit à l’âme.”
extrait de Push the sky away