BOWIE EN 5 ALBUMS
Cette fois, David Bowie est bien mort. Quelques jours à peine après la sortie de son ultime album, « BlackStar ». Après avoir mis à mort lui-même ses multiples avatars artistiques tout au long de sa carrière, celle-ci nous surprend comme si on ne croyait plus vraiment à son statut d’humain…
Son Œuvre (oui avec une majuscule s’il vous plait !) ne nous a jamais vraiment quitté, même pendant sa parenthèse volontaire de presque 10 ans, mais c’est l’occasion de remettre sa discographie en perspective. Petit jeu plus difficile qu’il n’y parait, parvenir à extraire 5 albums clés… Un choix difficile, qui exclut scandaleusement des albums de la trempe de « Station to station » ou « Lodger » et qui ne peut être tranché qu’avec un peu de mauvaise foi…
HUNKY DORY (1971)
– parce que Bowie y atteint pour la première fois sa pleine maturité artistique…
– parce qu’il y a le tube « Life on mars » que tout le monde connait, parfois à l’insu de son plein gré. Rappelons que le tube selon Bowie est à la fois une chanson populaire que tout le monde connait et une chanson de très grande classe…
– parce que sur celui là, il n’a pas eu besoin de se grimer pour convaincre (bon si un peu en femme d’accord)…
ZIGGY STARDUST (1972)
– parce qu’il y a « Five Years »
– parce qu’il y a « Moonage Daydream »
– parce qu’il y a « Ziggy »
– parce qu’il y a « Starman »… bon ok j’arrête…
– parce que n’importe quelle chanson de l’album passe haut la main le test de la version acoustique; écoutez les démos parus sur la réédition du 30è anniversaire, les chansons restent renversantes (oh… « Lady Stardust » ! simplement sa voix et un piano ou « Ziggy » à la guitare folk)…
LOW (1977)
– parce que c’est le premier de la célèbre trilogie berlinoise1…
– parce que sur celui là, il n’a pas eu besoin de se grimer…
– parce qu’il y a Carlos Alomar à la guitare …
– parce qu’il y a une face pop et l’autre complètement instrumentale…
– parce que la somme Bowie + Eno à produit beaucoup plus que la simple addition de leur talents…
– parce qu’il y a des chansons magnifiques et bizarres comme « Always crashing in the same car »…
– parce que Bowie réussit ici à concilier avant-garde et facilité, gout de l’aventure et évidence…
HEROES (1977)
– parce que les guitares sonnent fantastiquement bien…
– parce qu’il y a Robert Fripp (King Crimson) & Carlos Alomar à la guitare…
– parce que la somme Bowie + Eno à produit beaucoup plus que la simple addition de leur talents (bin oui c’est le second volet de la trilogie berlinoise)…
– parce qu’il y a la chanson titre…
– parce qu’il y a une face instrumentale et l’autre non…
– parce que sur cet album il joue très bien du saxophone…
– parce que Bowie réussit ici à concilier emphase et beauté…
– parce que tous les instrumentaux sont à la fois mystérieux et beaux2…
– parce que sur celui là, il n’a pas eu besoin de se grimer…
SCARY MONSTERS (1980)
– parce qu’il a parfois l’air de chanter comme un goret (« It’s no game) mais c’est juste qu’il prend des libertés avec les règles du chant…
– parce que c’est sans doute son dernier grand disque…
– parce qu’il y a le tube « Ashes to ashes » (rappelons que le tube selon Bowie… oui bon d’accord…)
– parce qu’une fois encore il peut faire le grand écart entre expérimentation et pop sans se faire mal…
– parce que Fripp est encore là pour dessiner de superbes arabesques guitaristiques…
– parce qu’il y a plus d’invention sur un seul de ses titres que sur certains albums entiers de la concurrence…
– parce que sur celui là, il n’a pas eu besoin de se grimer… ah bin si ! (oui j’aime beaucoup le comique de répétition).
C’est un peu dur pour des disques comme Outside (1995) et Earthling (1997) les disques du renouveau et ça peut laisser à penser que depuis 1980 Bowie n’a plus rien à dire, ce qui est loin d’être vrai. En une dizaine d’années Bowie a sorti 12 albums dont une petite moitié de classiques absolus qui ont redessiné l’histoire de la pop music, une décennie de créativité sans égal, ce qui explique cette sélection totalement subjective. Il y aura encore de belles choses par la suite mais de manière beaucoup plus irrégulière et espacées dans le temps…
- Le tryptique « Low », « Heroes » et « Lodger » a été conçu en à peine 18 mois entre 1977 et 1979. Seul l’album « Heroes » a réellement été enregistré à Berlin mais on parle de trilogie berlinoise en référence la la capitale allemande ou Bowie était venu s’installer et se ressourcer artistiquement et physiquement après des années chaotiques à Los Angeles… [↩]
- les deux faces instrumentales de « Low » et « Heroes » constituent d’ailleurs l’essentiel de l’album « All saints : collected instrumentals 1977-1999 » paru en 2001 et d’une étonnante cohérence [↩]
Il y a aussi une B.O. 100% inavouable de Bowie dont je suis ultra fan! Il s’agit de la B.O du film Labyrinth, de Jim Henson sorti en 86. Un summum du kitch mais qui a bercé mon enfance. David Bowie en roi des Gobelins, collants moulants et voix de crooner : je fonds!
http://www.youtube.com/watch?v=1xAAGh-3sw0
Ah oui, je ne l’ai jamais écouté celle-là ! Mais je vais peut-être franchir le pas suite à ce commentaire…