Alexander Hacke et David Eugene Edwards / Risha

Baignés de la chaleur envoûtante de l’Orient (Istanbul en particulier pour A. Hacke -on peut regarder à cet égard le film de Fatih Akin consacré au sujet : Crossing the bridge) et des incantations divinatoires des peuples d’Amérique, nos deux artistes se sont associés pour faire irradier leurs cordes et leurs machines infernales.
L’un, venu de la musique industrielle allemande (Einstürzende Neubauten), l’autre de la musique folk américaine (16 Horsepower, Wovenhand).
Cette confrontation qui pourrait paraître hasardeuse va puiser dans des sons telluriques : ceux du monde industriel, sombre, enfumé, violemment civilisé (à l’image des industries allemandes, justement), et ceux du mysticisme des âmes errantes, revenues de l’inframonde de la musique Folk, celle des pionniers.
Malgré un format assez classique et sans surprise (10 titres d’une durée en moyenne de 3 à 5 mn s’enchaînent), chaque élément (sons, mélodies, voix, arrangements) dessine une spirale lumineuse et abyssale. Le son retentit avec intensité, la voix de David Eugene Edwards emplit d’un écho profond les ardeurs de ce disque. Poème scintillant et grave, Risha se compose de ballades rock hypnotiques, de fulgurances sonores envoûtantes.
On pourra aussi (ré)écouter le dernier opus de Wovenhand qui est assez proche de celui-ci (Star treatment, sorti en 2016), les distorsions et le bourdonnement industriel en moins.
On peut espérer que cette collaboration continue car les sources d’inspirations de Hacke et Edwards semblent s’accorder avec à-propos et que ces deux musiciens maîtrisent un vocabulaire sonore dense, stellaire et efficace.
Lily, extrait de l’album :
Où trouver ce document ?
– Crossing the bridge, film de Fatih Akin