MORGAN HERITAGE, « Mission in progress »

Comme son nom l’indique, MORGAN HERITAGE est une affaire de descendance. Issus d’une famille de 29 enfants, les frères et sœurs Morgan, jamaïquains de naissance, ont été élevés aux Etats-Unis. Très tôt biberonnés par leur père aux mélodies du pays mais aussi aux sons funk, r’n’b, hip-hop des radios américaines, 8 enfants Morgan vont former la première mouture de Morgan Heritage, tandis que 3 des plus jeunes enfants de la tribu monteront le groupe LMS (également disponible dans les Bibliothèques de Grenoble). Nous sommes en 1994 et Morgan Heritage sort l’album « Miracle » chez RCA. Déçus de cette expérience avec une major, le groupe désormais resserré autour de 5 membres (les chanteurs Peter, Gramps et Una, le guitariste Lukes et le percussionniste Mr Mojo) montent leur propre structure qui gérera aussi bien l’artistique que la production, le business que le management.
3 albums vont les révéler à la Jamaïque d’abord puis au reste de monde : « Protect us Jah » (1997) et « Don’t Haffi Dread » (1999) produits par Bobby « Digital » Dixon, et « One calling » (1998) produit par King Jammy. En plus d’avoir trouvé un public, le groupe se forge une identité. Leurs influences pop/r’n’b ont laissé la place à un reggae plus authentique, inspiré par un voyage ressourçant en Jamaïque. La panoplie de leurs inspirations s’y déploie, entre tradition rasta et modernité américaine. Les textes mettent en avant des valeurs spirituelles qui font d’eux un des ambassadeurs du « conscious reggae » (reggae conscient). Morgan Heritage va ainsi se forger un son, une personnalité et un nom.
Avec « Mission in Progress », le groupe passe un nouveau cap. Fidèle au reggae nu-roots de la fin des années 90, les inspirations y sont clairement rock mais aussi rap. Ce qui frappe, outre les voix toujours au top, c’est l’ouverture d’esprit de cet album. Les influences sont multiples mais pas racoleuses, toujours au service du propos et fidèles à l’esprit reggae. Les morceaux ont été travaillés pour sonner « live », ce qui est plutôt rare et courageux en ces temps de « tout-numérique » dans le reggae. Le concept musical qu’ils aiment à développer en interview est celui de rockaz. Ils le définissent comme un mélange de reggae, de rock, de rap destiné à faire évoluer le reggae, à coller aux goûts musicaux des plus jeunes. Bref à s’inscrire dans la modernité. Car le jeune n’écoute plus de roots, c’est bien connu… Morgan Heritage semble en passe de réussir son pari puisque pour la première fois un clip du groupe vient de faire son entrée dans la playlist de MTV, pas mal pour du reggae…

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Author: Jérôme

Persuadé que toute musique a un sens social caché, il déteste Florent Pagny et Elton John. Musicien, il raconte partout qu'il a joué avec Tiken Jah Fakoly et qu'il a touché Angus Young lors d'un concert à Alpexpo en 1980. Il essaye lamentablement d'imposer l'écoute de France Culture en voiture à ses enfants, mais connaît le rap et le r'n'b de Skyrock par cœur. Obnubilé par la désertion des jeunes en bibliothèque, il serait prêt à remplacer le logo des bibliothèques de Grenoble par une photo plain-pied de Beyonce.

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