JACO PASTORIUS, « s/t »

Le disque qui a fait éclater le talent de Jaco Pastorius à la face du monde. Celui qui a projeté la guitare basse dans une nouvelle ère. Que reste-t-il de cet album plus de trente ans après ? L’occasion d’une réécoute attentive de cet album patchwork.

Aujourd’hui la guitare basse apparaît comme un instrument décomplexé : les bass-hero ont piétinés depuis belle lurette les plates-bandes de leurs collègues guitaristes (Flea des Red Hot Chili Peppers, Bill Laswell, Marcus Miller, etc) et on a même vu des groupes affichés plusieurs bassistes. Et que dire des duos basse-batterie qui ont fleuri dans la scène noise-punk-rock tout au long des années 90 (un groupe au hasard : Belly Button). Bref si la basse a définitivement acquis ces lettres de noblesse elle le doit aussi à cet homme.
Pour cet album, Pastorius a convoqué le gratin musical et à vrai dire les gens se bousculaient pour en être tant sa réputation l’avait précédé: Herbie Hancock, Wayne Shorter, David Sanborn, Randy Brecker… Qu’un musicien de 25 ans signe 8 des 10 titres de l’album et aborde une telle variété d’ambiances et de styles (jazz-fusion, musique des Caraïbes, funk, soul, influences d’Afrique) reste bluffant aujourd’hui encore.

Ca commence très fort avec « Donna Lee » (Charlie Parker) un vrai morceau de bravoure et avec une orchestration originale en plus : un duo basse-congas. D’entrée ce morceau-manifeste résume les ambitions du musicien : placer son instrument au niveau du saxophone ou de la trompette, ni plus ni moins.
S’ensuit « Come on, come over« , un morceau soul / funky qui reflète peut-être le mieux l’époque d’enregistrement (avec les violons qui semblent datés sur « Kuru/Speal like a child« ) et reste le moins original.
Puis c’est la ballade « Continuum » ou Jaco prend la place du soliste ce qui en 1976 était passablement incongru. Il expose le thème et improvise allègrement et avec virtuosité (comme il le fera également sur « [Used to be a] cha-cha« ). Les autres musiciens (Herbie Hancock au Fender Rhodes quand même) ne font que mettre en valeur le jeu et l’inspiration du bassiste.
Le morceau suivant met en évidence une autre influence de Pastorius (et peut-être encore plus le morceau « Okonkole Y Trompa« ) : l’Afrique qu’il fait surgir avec ces lignes de basse hypnotiques qui tournent en boucle.
La diversité de son talent s’exprime aussi dans le très beau et apaisé « Portrait of Tracy » où il parvient en solo à faire surgir un univers musical riche comme pourrait le faire un pianiste ou un guitariste en melant dans son jeu accords et harmoniques.

Cette album fit l’effet d’une vrai bombe dès sa sortie dans le milieu du jazz et propulsera Pastorius dans un des groupes phares des années 70 : le Weather Report de Joe Zawinul et Wayne Shorter

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Author: Julien

Né quelques jours après la mort de Jimi Hendrix (on fait se qu'on peut). S'est flatté pendant longtemps de détester le jazz mais attribue désormais cela à une erreur de jeunesse. Déteste vraiment la nouvelle-nouvelle-nouvelle chanson française. Se gausse pourtant d'avoir vu Bashung un soir de 1995 et d'y avoir pris du plaisir. A tenté (vainement) d'être musicien et traine depuis son mal-être dans des débats musicaux stériles. Persiste a porter des pulls à capuche et des Converse (le plus souvent déchirées) à bientôt 40 ans…

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