« A l’aube du cinquième jour» Ennio Morricone


On est dans les années 70. Je dois avoir dans les 5 ans. Le monde est plein de pantalons à pattes d’eph et de tapisseries psychédéliques aux motifs géométriques, couleurs jaune marron.
Dans la chambre d’à côté, un saphir creuse les sillons d’un vinyle voilé.
J’entends de la musique. Juste quelques notes sur un piano qui semble désaccordé. Une mélodie toute simple. C’est doux, c’est chaud, c’est fort. C’est beau à pleurer : c’est une musique de film d’un certain Ennio Morricone « A l’aube du cinquième jour ».

Son nom sera pour longtemps associé à celui de Sergio Léone, son compère d’enfance. Celui qui changea le western aseptisé du rêve américain en radeau de la méduse … avec ses personnages plus vrai que nature, plus réalistes que la réalité. Grandioses et minables à la fois.

Un bon, une brute et un truand. Les héros ne s’appelaient plus John ou Buck mais Blondin, Sentenza et Tuco. Et parfois même Personne.
Adieu dents blanches, gomina et eau de Cologne.
Voici le temps de la crasse, de la sueur et des mouches. Le temps des visages taillés à la hache. On appelait ça le western spaghetti. Ça sentait l’Italie jusque dans la salle de cinéma.

A l’entracte, on mangeait des glaces au parmesan dans un nuage de sable venu tout droit du désert de Tabernas.

On est dans les années 2020, la cinquantaine bien tassée. Le monde est devenu une télé réalité. Ou plutôt une réalité télé. Difficile de distinguer laquelle des deux est le reflet de l’autre avec ses personnages hystériques répondant aux noms de Kevin et Loana.
Dans la chambre d’à côté, fini les saphirs, les sillons et les vinyles. L’ère du numérique bat son plein. Plus rien ne crépite, ne dépasse. Tout est lisse. Tout est bio.
La tapisserie aussi est démodée, sauf si elle est en bouse de vache recyclée.
Mais j’entends encore ces quelques notes sur un piano qui semble toujours aussi désaccordé.
Le temps a passé mais on est toujours à l’aube du cinquième jour.

Où trouver toutes les bandes originales de Ennio Morricone ?

2 Replies to “« A l’aube du cinquième jour» Ennio Morricone”

Répondre à Marie Saint-Léger Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.