VOCODEUR, TALK-BOX ET AUTO-TUNE SONT DANS UN BATEAU
Bmol en tongs ! En juillet et août, Bmol sera en mode best of… Retrouvez tout l’été des articles parus depuis 2008, spécialement sélectionnés par notre équipe.
Au XXe siècle, la musique a utilisé la technologie pour expérimenter ou pour tester des sonorités nouvelles. Outre les telharmonium, theremin, melotron et autres ancêtres du synthétiseur, la voix a également été un champ d’investigation pour les compositeurs contemporains. Voilà une belle occasion de vous conter aujourd’hui la sainte trinité des amateurs de musique électronique et de voix : vocodeur, talk-box et auto-tune.
Le vocodeur tout d’abord. Contraction de voice coder (codeur de voix), il s’agit d’un procédé technologique permettant de fabriquer un son synthétique à partir du spectre de la voix, et qui donne sur les morceaux l’utilisant cette voix de robot caractéristique. Inventé par un scientifique américain, Homer Dudley, sa première application concerna le téléphone et permit à Roosevelt et Churchill de communiquer par-delà l’océan pendant la seconde guerre mondiale. Il faudra attendre 30 ans pour en voir les applications dans la musique, notamment chez Kraftwerk, Giorgio Moroder et Afrika Bambaataa. Mais aussi Herbie Hancock, Frank Zappa, Pink Floyd et même Scorpions et Neil Young.
Pour le plaisir Planet Rock d’Afrika Bambaataa
et Robots de Kraftwerk
Mais rendons à César ce qui lui appartient, ce fût Zapp et ses frères Troutman qui popularisèrent cet instrument de la plus belle manière. Voyez ici (démonstration à 2’20) et notez au passage les tenues de scène qui mettent tout de suite dans l’ambiance.
! Vous aurez maintenant tout compris de ces appareils aux noms barbares et pourrez désormais épater vos amis sur les mérites comparés de la voix dans le r’n’b contemporain.
Et que je n’entende pas dire qu’on vous laisse ignorants sur Bmol !
Ou trouver ces documents ? Afrika Bambaataa « Looking for the perfect beat : 1980-1985 »
Kraftwerk « The tan machine »
Stevie Wonder « Talking book »
Zapp & Roger « All the greatest hits »
Mister You « Dans ma grotte »
Gappy Ranks « Put the stereo on »
Merci professeur Jérôme. C’est vrai je me sens moins bête maintenant, après vous avoir lu…
« Confusion est souvent faite avec la talk-box (”boite parlante”). Le point commun étant la voix de robot mais le procédé diffère sensiblement puisque il s’agit là de faire “parler un son” en chantant dans un tuyau relié à un synthétiseur. La voix se trouve ainsi transformée par un son synthétique. »
Petit correctif : pourquoi ça s’appelle « boîte parlante »? Par ce que le son d’un instrument (guitare, synthé) sort de la boite ou plutôt du tuyau que l’on met dans sa bouche. il suffit de bouger notre mâchoire et notre langue pour filtrer ce son alors que l’on émet aucun son provenant des cordes vocales (comme une guimbarde). le son est « filtré » par la cavité buccale est repiqué par un micro de chant. On peux aussi chanter, deux sons se combinent, celui des corde vocales et celui qui sort du tuyau.
donc ce n’est pas la voix qui est transformée par un son synthétique…. plutôt l’inverse, votre instrument transformé à l’aide de votre bouche!!!
C’est étonnant je suis en train de lire Machine Soul : une histoire de la techno et voici ce que je lis p. 25 dans la bouche d’AfriKa Bambaataa : « Je crois qu’ils ne savaient pas à quel point ils [Kraftwerk] étaient énormes pour les Noirs en 1977, quand ils ont débarqué avec Trans Europe Express. Quand c’est sorti, je me suis dit que c’était un des meilleurs disques que j’avais entendu de ma vie, et aussi un des plus dingues ».
Au passage le bouquin précise que « Planet rock » utilise la mélodie de Trans Europe Express et la rythmique de « Numbers » des mêmes Kraftwerk…
Oui c’est marrant d’ailleurs que le rap se soit construit sur des musiques électroniques et surtout sur des samples les exploitant plutôt que sur des extraits de soul ou de funk comme ce fut le cas après. Question d’évolution musicale, de réaction et d’innovation technologique. Je rajouterais combien il est pénible maintenant d’entendre ces maudits auto-tune partout, la radio télé algérienne a d’ailleurs interdit de diffuser sur ses antennes des titres qui en comportent, estimant que cela dénaturait l’esprit du raï… moi qui ne suis pas un farouche réac’, j’avoue que l’auto tune m’exaspère. Surtout je suis bluffé de la façon dont cet outil technologique s’est insinué presque partout aussi massivement… de la même manière que le sampling dans les années 80′ et 90′ qui fut le joujou des compositeurs…
Article très intéressant ! Et la vidéo d’Afrika Bambaataa est extraordinaire; pour l’époque c’était vraiment original et ça mixait complètement les genres : on reconnait un sample de Kraftwerk, ça sonne dance, rap, le tout sur fond de musique électronique qui anticipe le minimalisme allemand des années 2000…