SHE KEEPS BEES, « Nests »

She Keeps Bees c’est l’histoire parfaite d’une rencontre de deux personnalités que rien ne prédisposait vraiment à faire carrière dans la musique.

Jessica Larrabee (guitare/voix) et Andy LaPlant (batterie) se sont rencontrés à Brooklyn en 2005. Elle est serveuse dans un bar dont il est un client régulier, et c’est à force de boire des bières ensemble et de discuter musique qu’ils finissent par se faire mutuellement écouter leurs compositions, c’était en 2005, et à jouer (et sortir) ensemble, c’était en 2006.

Le conte de noël moderne de tout musicien amateur et de ses rêves de reconnaissance commencent ainsi. La suite c’est un label anglais, Names, qui découvre leur 1er album fabriqué maison par hasard et tombe sous le charme, et la petite serveuse qui lâche son boulot pour une tournée européenne.

Mais d’où vient ce nom de groupe étrange et le titre énigmatique de leur deuxième album? L’analogie avec les abeilles (bees) vient du nom de la chanteuse et du fait que les abeilles sont, pour elle, « le sang de la terre » tout comme la musique. Nest (nid) parce que l’album a été bricolé à la maison et que la déco de leur appart’ rappelaient des nids (je ne vois pas bien comment mais bon…). Ne cherchons donc pas plus loin matière à interprétation.

She Keeps Bees c’est avant tout un duo. Pas besoin en effet de s’encombrer d’un groupe quand ca fonctionne si bien à 2 et que la création s’en trouve ainsi libérée. Comme d’autres couples de musiciens célèbres, on pense aux Kills sans la brutalité ou aux White Stripes pour la batterie assez sommaire, le dépouillement est de mise. Les guitares sont vibrantes, profondes, recherchées et subtiles. Aucun artifice. Même les parties chœurs, seul sacrifice au re-re*, se justifient. Le tout est assez sommaire, on se surprend parfois à relever les défauts techniques de chacun… mais curieusement cela ne gâche rien.

Andy La Plant qui a enregistré et mixé l’album a appris la batterie pour l’occasion. Il a su donner un son singulier au projet, les inspirations folk revisitées donnent à l’ensemble un son rock qui lorgne ostensiblement vers le blues. La voix de Jessica est magnifiquement mise en valeur, inspirée et fascinante. On songe à PJ Harvey pour l’intensité et l’émotion qui s’en dégagent. On en ressort mélancolique mais plein d’espoir, et on ficherait un billet que les histoires entendues sont belles et tragiques.

Un très bel album intense, dépouillé et brut… L’exemple même qu’une guitare et une voix quand c’est inspiré ca fonctionne.

* re-re : enregistrements successifs de parties musicales ou de voix rajoutées les unes sur les autres.

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Author: Jérôme

Persuadé que toute musique a un sens social caché, il déteste Florent Pagny et Elton John. Musicien, il raconte partout qu'il a joué avec Tiken Jah Fakoly et qu'il a touché Angus Young lors d'un concert à Alpexpo en 1980. Il essaye lamentablement d'imposer l'écoute de France Culture en voiture à ses enfants, mais connaît le rap et le r'n'b de Skyrock par cœur. Obnubilé par la désertion des jeunes en bibliothèque, il serait prêt à remplacer le logo des bibliothèques de Grenoble par une photo plain-pied de Beyonce.

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