REGGAE GOT SOUL #2 : TOOTS & THE MAYTALS, un concert labellisé Bmol

Pour son Reggae got soul #2, La Belle Electrique accueille un pionnier du reggae dont l’histoire se confond avec celle de la musique jamaïcaine.

The Matytals fut fondé à Kingston en 1960 par Frederick Nathaniel “Toots” Hibbert, Henri « Ralegh » Gordon et Nathaniel « Jerry » Mathias. Le trio vocal enregistre en 1964 chez Coxsone Dodd l’album Never Grow Old avec le groupe attitré du studio, The Skatalites. On y retrouve sur fond d’influences gospel et soul, la ferveur religieuse des jeunes âmes formées dans les églises évangélistes (Hallelujah), des bleuettes (Sweet sweet Jenny, Are you mine), le tout sur fond de ska, le style alors en vogue en Jamaïque, cette île des Caraïbes qui fêtait joyeusement sa toute jeune indépendance.

En 1966, grâce aux producteurs Prince Buster et Byron Lee, les Maytals vont connaître leurs 1er succès d’estime en Jamaïque et en Angleterre, le trio remportant notamment un concours de chant avec un titre qui deviendra un des grands classiques du reggae : Bam Bam.
En 1968, leur morceau Do the reggay inspirera le nom du genre musical que l’île est en train d’inventer : le reggae…

https://www.youtube.com/watch?v=JJwfh2TbmJg

Dans les années 70, Chris Blackwell et son label Island Records, président aux destinées du groupe, rebaptisé Toots and The Maytals. Le titre Monkey Man devient leur 1er tube international, alors que la vague ska va déferler sur l’Angleterre et donner naissance au ska anglais, énergique, multiculturel, et mêlant les influences rock anglo-saxonnes aux pulsations jamaïcaines. Des groupes comme The Clash ou The Specials revisitent les classiques jamaïcains et les hits du elder* Toots : Monkey Man et Pressure drop.

Toots and the Maytals est un groupe de légende et de records : collaborant avec les plus grands producteurs jamaïcains, obtenant le plus grand nombre de n°1 dans les hits en Jamaïque (31 !), nommé dans le Top 100 du magazine Rolling Stone des plus grands chanteurs de tous les temps, entré au Rock and Roll Hall of Fame, tournées avec les Who et les Stones, décoré de l’Ordre de Jamaïque… On raconte même que Chris Blackwell dût se résigner à se replier sur le management de Bob Marley lorsque les Maytals déclinèrent son invitation à travailler avec lui à la fin des années 60…

Souvent comparé à Otis Redding pour la chaleur et le grain de sa voix, Toots s’est inspiré du gospel, du rythm’n’blues et de la soul, et a traversé la seconde partie du XXème siècle en épousant les évolutions musicales de l’île sans jamais varier du fil conducteur qui l’a guidé : la sainte trinité ska, rocksteady et reggae. Il a donné au patrimoine musical jamaïcain et mondial des morceaux immortels : Sweet and Dandy, Pomp’s and Pride, Louie Louie, 54.46, Funky Kingston

Mais Toots n’est pas un auteur compositeur né. Ses chansons n’ont pas la fibre sociale et émancipatrice d’un Bob Marley. Le style « roots » est en pleine expansion partout sur la planète, et les influences soul de ses compositions ne trouvent plus, au début des 80’, l’écho d’antan. Toots va donc délibérément se tourner vers la scène plutôt que vers l’écriture.

A 74 ans, porté sur scène par les nombreux classiques qu’il a composés et des musiciens d’expérience, ses concerts sont des événements. Des moments intemporels et forcément émouvants où le charisme du personnage, son attitude de showman et sa voix emportent toujours le public.

Après Ken Boothe et Lee Fields que l’on a pu voir récemment à La Belle Electrique, Toots & The Maytals sera la 3ème figure tutélaire inspirée par la soul music à se produire dans cette salle en moins d’un an. Un concert à ne pas manquer : Do the reggae now

Toots & The Maytals + 1ère partie Disk-R : mercredi 17 mai à 20h30 – La Belle Electrique

# Label Bmol 13

*Elder : aîné

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Author: Jérôme

Persuadé que toute musique a un sens social caché, il déteste Florent Pagny et Elton John. Musicien, il raconte partout qu'il a joué avec Tiken Jah Fakoly et qu'il a touché Angus Young lors d'un concert à Alpexpo en 1980. Il essaye lamentablement d'imposer l'écoute de France Culture en voiture à ses enfants, mais connaît le rap et le r'n'b de Skyrock par cœur. Obnubilé par la désertion des jeunes en bibliothèque, il serait prêt à remplacer le logo des bibliothèques de Grenoble par une photo plain-pied de Beyonce.

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