MALTED MILK, « Sweet soul blues »
Carte postale de Nantes-sur-Mississipi…
Nantes serait-elle en train de devenir une plaque tournante de la musique, un trait d’union entre les deux rives de l’Atlantique, et au-delà ? Après Tribéqa, voici le groupe Malted Milk, pur beurre du pays nantais, que, les yeux fermés, j’aurais imaginé plus en casquette néo-orléanaise qu’en casquette de marin-pêcheur : c’est un groupe de blues-soul ou de soul-blues – comme on veut – aux accents funky, que l’on croirait tout droit sorti moitié de Memphis pour la voix, moitié de la Nouvelle-Orléans pour les lignes de cuivre à vous faire décoller le couvre-chef, sans parler des ponctuations au sax baryton qui vous font tressaillir les bases arrières…
Leur nom est en lui-même tout un programme : Malted Milk est le titre d’un morceau de Robert Johnson, « LA » référence en matière de blues historique, celui-là même qui aurait vendu son âme au diable, un soir à la croisée des chemins, contre une virtuosité inégalable à la guitare (son jeu a effectivement influencé tout le blues d’après guerre, et plusieurs de ses compositions sont devenues des classiques du blues ou du rock, comme « Sweet home Chicago »).
Leur deuxième parrain, dont ils reprennent ici « Don’t burn down the bridge », est le bien nommé Albert King (un des 3 « kings » du blues avec B.B. et Freddie), qui dès le début des années 60 avait teinté son blues de rhythm’n’blues et de rock.
Autres figures tutélaires de l’album : Stevie Wonder, grand maître de l’arrangement, auquel le groupe emprunte « All I do », dans une version très funky, ainsi que Syl Johnson, grande voix de la soul (« I hear the love chimes »).
Enfin l’album se clôt sur une reprise d’un grand classique du blues, « Hard times killing floor blues », de Skip James, blues sombre et dépouillé venu tout droit du Delta du Mississipi, porté par une voix haut perchée.
Bref, un disque qui navigue avec bonheur dans les eaux des musiques afro-américaines, certes pas forcément nouvelles, mais toujours vivantes et efficaces, et qui nous montre, s’il y avait des sceptiques, que le blues a largement passé les frontières de son berceau d’origine.
Où trouver ce document ?
Malted Milk, sous la coupe d’Arnaud Fradin surfe sur le courant revival de la soul et de la musique noire américaine des années 1960-70. Mais ils y apportent une certaine touche plus musicale. Le must, c’est de les voir live. Arnaud a su capter le truc des prêcheurs, ce truc qui fait lever une salle.
Reprise des année 30, bonne écoute.