Lumen drones
Lumen, unité de mesure de la lumière, et drone, ces engins volants qui en musique désignent des nappes sonores étirées assimilables au bourdon : le nom du groupe, qui est aussi le titre de l’album, résume bien l’ambiance générale. Dès les premières mesures, des effets de luminosité irisée apparaissent à pas feutrés telle une aube norvégienne, produits par le son du violon hardanger, ce violon dont les quatre cordes supplémentaires vibrant par « sympathie » donnent une sensation d’espace.
Nils Okland au hardanger fiddle, où l’on entend bien la résonance des cordes sympathiques : .
Cet instrument, voué traditionnellement aux mélodies populaires de l’ouest de la Norvège, est ici utilisé par Nils Økland dans un contexte post-rock à la Sunn O))) mâtiné de réminiscences d’airs du folklore et d’improvisations à l’image de celles qu’il pratique au sein du Christian Wallumrød Ensemble, formation de jazz de chambre. Per Steinar Lie aux guitares et Ørjan Haaland à la batterie sont les 2 autres sommets du triangle, chacun se passant le relais pour assurer tour à tour le bourdon et la broderie (l’autre spécialité de leur région étant la broderie, avec les fjords bien entendu).
Après les tournoiements crépusculaires de «Ira furore» et les ondoiements de « Anemone », « Echo plexus » nous fait LE clin d’œil de l’album : à vous de découvrir de quelle œuvre célèbre d’un compositeur français est tirée la cellule rythmique (indice : il s’agit d’un œuvre qui paraît-il est jouée dans le monde en moyenne toute les 20 minutes)*.
De vibrations rêveuses en contemplations de vastes étendues désertiques en compagnie du husky de la pochette, on s’achemine doucement vers « Svartaskjaer », qui sur un rythme incantatoire n’est pas sans m’évoquer « A love suprême » de John Coltrane, dans une version qui invoquerait plutôt les forces des ténèbres (svarta = noire en norvégien), les stridences inquiètes du violon hardanger survolant les poussées telluriques de la batterie et les saturations de la guitare. Et à peine la dernière note éteinte, une seule envie : recommencer le périple !
*2ème indice : même crescendo dans l’intensité.
3ème indice : on peut même considérer cette œuvre comme prémisse de la musique répétitive…
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