« Le blues de l’Orient » de Florence Strauss + Concerts Hussein Al-Bechari & Trio Joubran

Les amateurs de musique orientale ne sont pas en reste à Grenoble. Dans le cadre des « Musiques nomades », La Faïencerie de La Tronche va accueillir le 29 janvier prochain le chanteur, poète et oudiste égyptien Hussein Al-Bechari. Accompagné de Mohamed Abou Zyed, au tabla et au daf, il interprétera des chants nomades de la Mer Rouge.

Le 2 février à l’Odyssée d’Eybens, nous pourrons voir et écouter le Trio Joubran. Les trois frères Samir, Wissam et Adnan, tous virtuoses du oud, sont Palestiniens originaires de Nazareth. A leur répertoire, des classiques de la musique arabe, de la musique traditionnelle, des compositions, des improvisations savantes.

Le Blues de l'OrientD’autre part, Mon Ciné programme actuellement, et pour quelques jours encore, un documentaire de Florence Strauss : « Le blues de l’orient », qui développe un aspect inattendu de la musique orientale : le lien puissant qu’il fut, et est encore souvent, en dépit des obstacles idéologiques et politiques, entre les différentes communautés proche-orientales : musulmane, chrétienne et juive.
Nous suivons Florence Strauss dans sa trajectoire très personnelle : marcher sur les traces de son grand-père, le producteur Robert Hakim (et les classiques « Pépé le Moko », « Casque d’or », « L’avventura »…). Ce juif égyptien, qui assista à l’exode forcé de la communauté juive du pays de sa jeunesse, décida de couper les ponts avec l’Egypte. Il s’installa en France et interdit à ses filles d’y mettre les pieds. C’est donc sa petite fille, réalisatrice et passionnée de musique arabe, qui « ose » braver l’interdit familial et nous fait croiser des musiciens égyptiens, libanais, syriens, palestiniens et israéliens – le film est un moyen de transport qui nous permet de franchir aisément les frontières ! En Israël, elle a rencontré des musiciens nés dans les pays arabes alentour dont le patrimoine musical a été nourri par Mohamed Abdel Wahab et Oum Khalsoum. Ainsi le oudiste Salim Al Nour, né en Irak il y a 80 ans, lui confie que lorsqu’il est arrivé en Israël dans les années 50, la musique arabe était tellement mal vue qu’il a dû abandonner à contre cœur son activité de compositeur et d’interprète, devenant ingénieur pour gagner sa vie. Une fois à la retraite, il crée une école de musique arabe classique dans les faubourgs de Tel-Aviv. Aujourd’hui de jeunes musiciens, juifs et arabes, tels Yair Dalal, Taiseer Elias, nés en Israël, ont entrepris de préserver et faire vivre cet héritage.
Avec pour conseiller musical Abed Azrié, Florence Strauss nous mène ensuite dans des collines autour de Beyrouth où le trompettiste Nissim Maalouf nous explique l’importance du quart de ton dans la musique arabe, qui l’a obligé à rajouter un piston de plus à son instrument. Il en sort une musique étrange aux modulations inhabituelles à l’oreille occidentale. Au Caire, nous rencontrons le violoniste Abdou Dagher, puis à Alep, Hassan Haffar, qui pratique les cantilations de la musique soufi, et encore bien d’autres musiciens talentueux.

Un peu étourdie d’avoir traversé tant de pays et d’avoir rencontré autant de musiciens en si peu de temps, je suis sortie du cinéma comme d’un rêve éveillé, à la fois émue et émerveillée par l’atmosphère nostalgique de cette belle leçon de tolérance.
« Le blues de l’orient » a obtenu le Prix du meilleur documentaire musical attribué par la Sacem.

Nuits d’Orient : Musiques des 1001 nuits / Anthologie

Majâz / Trio Joubran

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