IGGY POP – Free

A 72 ans, Iggy pop revient une nouvelle fois en pleine forme avec un excellent album, plaisant et original. Après sa collaboration avec la figure majeure du stoner rock qu’est Josh Homme (l’album « Post Pop Depression »), il s’entoure cette fois-ci du trompettiste de jazz Leron Thomas et de la ténébreuse Sarah Lipstate (alias Noveller) à la guitare.

Chaque nouveau disque d’un « papy » de la musique crée une certaine méfiance avant l’écoute. Va-t-il nous surprendre ? Que nous a-t-il concocté après tant d’albums ? Le cas d’Iggy Pop est à ce sujet très parlant, puisqu’il a réussi à la fois à créer certains des chefs d’œuvres indémodables du rock (« The Idiot », « Lust for Life ») et d’autres disques dont on comprend difficilement l’intérêt, notamment les deux albums de reprises de standards de la chanson française (« Préliminaires » et « Après »).

« Post Pop Depression » nous avait en quelque sorte réconcilié avec l’Iguane en 2016. Très bien entouré sur ce disque par deux membres de Queens of the Stone Age (Josh Homme et Dean Fertita) et Matt Helders d’Arctic Monkeys, on sentait un appui efficace pour Iggy Pop, sorti de ses égarements antérieurs.

Nous sommes donc ravis, à l’écoute de son nouvel album, au titre on ne peut plus simple, « Free », de découvrir une nouvelle facette de ce survivant des excès du rock.

Paraissant assagi, voire apaisé et arborant un look de dandy, on ne croirait presque pas que cet homme d’un certain âge a participé à la tornade punk des années 70 en s’affichant notamment comme un ponte de la provocation lors de ses concerts.

La première impression que laisse « Free » est celle d’un album pop simple et efficace aux tonalités jazzy et contemplatives. Les collaborations de Leron Thomas (à la trompette), qui a également signé la plupart des paroles de l’album, ainsi que de Sarah Lipstate et ses effets planants à la guitare électrique sont une raison indéniable de l’identité minimaliste de ce disque.

Le morceau introductif, Free, annonce en cinq mots  (« I wanna be free ») et de manière explicite une sorte de constat zen : Iggy Pop se débarrasse de sa peau d’iguane pour la remplacer par celle d’un homme simple. 

Pourtant, ce n’est pas si évident que cela. Sous le minimalisme affiché de l’album, se cachent des trésors bien réglés qui continuent à faire vivre Iggy tel qu’on le connaît, en mixant une attitude calme, voire poétique et sa rage habituelle mais quelque peu diminuée.

Les premiers morceaux de l’album sont  pop, langoureux et aux paroles souvent féministes.

Loves missing débute l’album de manière forte, avec des paroles simples, un rythme entêtant et une voix de crooner qu’Iggy exploite depuis quelques années.

Sonali est une chanson typique du 21ème siècle. Jazzy grâce à la trompette fantomatique de Leron Thomas et par moments « Thom Yorkesque » dans son rythme répétitif, incluant des pointes electro-ambient, elle est un des points forts de ce disque.

James Bond est certainement le tube de l’album. La construction du morceau est classique mais ultra-efficace. Débutant par une ligne de basse lourde, la guitare de Sarah Lipstate prend le relai avec une suite de riffs répétitifs bientôt complétés par la batterie subtile et jazzy puis davantage rock. S’agissant d’une femme voulant être elle-même James Bond et non pas une James Bond girl, ce morceau pimente efficacement l’album.

L’épisode féministe du disque se conclut par le rageur Dirty Sanchez, où l’on reconnaît l’Iggy d’autrefois, sale gosse et punk. Etonnamment, les paroles n’ont pas été écrites par Iggy mais par Leron Thomas, le trompettiste. Mais on pourrait jurer que c’est Iggy qui les a écrites. Ce morceau serait un hymne parfait contre le harcèlement sexuel des femmes. Le chant d’Iggy Pop n’est plus celui d’un crooner mais fait plutôt penser à Johnny Rotten des Sex Pistols, sur un étonnant mix punk-rap-jazz à la Miles Davis période « Sketches of Spain ».

Débute alors la seconde partie du disque, radicalement différente mais non moins intéressante.

Glow in the Dark  et  Page  sont des morceaux éthérés, parfois romantiques, où l’on retrouve un Iggy en Sinatra moderne et où l’apport de la guitare planante de Sarah Lipstate est ici primordial. On plane bien haut alors que le fantôme de Miles Davis est encore bien présent. Un superbe cocktail, original et hantant.

L’album se clôt de manière on ne peut plus poétique par des textes déclamés sur une musique contemplative. Les trois titres finaux, We are the people  (tiré d’un texte de Lou Reed), Do not gentle into that good night (un poème du gallois Dylan Thomas) et The Dawn, sont plus contemplatifs que musicaux et nous font oublier qu’Iggy Pop a toujours été perçu plus comme une star du rock que comme un poète.

Où trouver ce disque?

2 Replies to “IGGY POP – Free”

  1. Et à voir ou revoir en replay sur Arte (jusqu’en avril 2020), Free en live le 12 octobre dernier à Paris : Iggy Pop en costard sous les ors et les lustres à pendeloques de la Gaieté Lyrique, quelque peu surréaliste, et magnifique !

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